La Militarisation du Bois de Vincennes
N’oublions pas que le tiers du Bois de Vincennes faisait partie du territoire de notre commune.
Dès le mois d’Août 1914, les 350 hectares du Bois furent réservés à l’armée et encerclés de fils de fer barbelés.
- La ligne de chemin de fer fut rétablie entre la gare de marchandise (très importante) de Joinville et le parc d’artillerie, la
Cartoucherie et le Fort Neuf de Vincennes. Un atelier de chargement de 4 hectares sur la gare de marchandise fut déclaré d’intérêt sanitaire et militaire.
- Sur le champ de course un terrain fut réservé pour l’exercice de lancement de grenades chargées. L’autre partie de l’hippodrome fut prise par le Centre
d’évacuation et de triage du Service Automobile.
Jusqu’en 1920, le Bois de Vincennes était resté un ramassis de vieux canons, d’automobiles et de baraquements. Pourtant une loi votée en 1919, déclassait
toute la zone militaire du Bois pour l’annexer à la Ville de Paris.
Cette Loi ne fut appliquée que le 19 Avril 1929, date à laquelle la commune de Joinville fut amputée de ses 103 hectares du Bois de Vincennes.
- En 1917, une garderie d’enfants fut installée dans le Bois pour les ouvrières Joinvillaises de la Cartoucherie.
Vers 1916 Un hôpital militaire, américains’ était installé dans le château du Parangon.
Mais c’était L’hôpital Militaire Canadien qui fut le plus renommé. Et accepté par les Joinvillais.
- L’hôpital Militaire Canadien
Au mois d’août 1914, le Canada, avec l’Angleterre, entrait en guerre contre l’Allemagne du Kaiser.
Au début de 1915, l’université Laval de Montréal proposa à l’armée canadienne d’organiser un hôpital stationnaire de 400 lits. Cette proposition acceptée par
Ottawa fut ensuite ratifiée par le Ward Office de Londres.
L’université nomma le colonel G.R. BEAUCHAMP pour diriger et organiser ce projet. Le gouvernement canadien transforma ce projet de 400 lits en l’ Hôpital
Général Canadien N°6 qui comprenant 1040 lits avec 319 membres de personnels dont 39 officiers (chefs de clinique) et 73 infirmières (nurses). Ce personnel médical comprenait des spécialistes :
dentistes, ophtalmologistes, radiologistes, bactériologistes, neurologues, urologues
Un tel “hôpital” comprenait en plus du personnel médical toute une équipe technique (cuisiniers, coiffeurs, électriciens....) ainsi que le matériel et les tentes
pour lui permettre de s’installer en dehors de toutes les commodités des villes et de se suffire en tout à lui-même.
L’hôpital Général Canadien N°6 quitta Montréal le 20 mars 1916 et embarqua à HALIFAX (nom d’une rue à Joinville) à bord du “Baltic” pour se rendre tout
d’abord en Grande-Bretagne.
Arrivés en France en Juillet 1916, les canadiens installèrent un camp sous tentes à Joinville-le-Pont sur le plateau de Gravelle « entre le lac de
Gravelle et l’emplacement du stade municipal actuel ».
Pourquoi Joinville a t-elle été choisie pour accueillir cet hôpital ?
L’Ecole Normale Militaire de Gymnastique de Joinville à proximité (Redoutes et Camp de St Maur), était connue de l’armée canadienne. Les liaisons avec Paris étaient
faciles et rapides grâce à la ligne de la Bastille. Enfin Joinville avec son Bois, sa Marne et ses Guinguettes constituait un lieu de repos idéal pour les soldats venant du
front.
De plus Une fraternisation des Joinvillais , et des Joinvillaises…. avec le personnel et les militaires canadiens s’établit…..
Entre temps la Croix-Rouge du Canada venait d’offrir la construction en dur d’un hôpital moderne de 500 lits à Joinville.
Au mois de juin 1918 le personnel de l’hôpital Laval vint prendre possession du nouvel hôpital qui venait d’être terminé le 1er Juin 1918 .
L’hôpital Laval était constitué de plusieurs bâtiments d’un seul étage en colombages et comportaient 520 lits sous les ordres du Colonel Beauchamp assisté de 39
officiers (chefs de clinique de l’Université de Laval) , 73 infirmières et 207 employés (cuisine, administration, entretien;, nettoyage...)
Outre les services de médecine et de chirurgie, cet hôpital comprenait un laboratoire, une salle de rayons X, un service de stomatologie, une pharmacie, plusieurs
salles d’opération permettant d’effectuer jusqu’à 54 interventions par jour.
Du 1er Juillet 1918 au 9 mai 1919, 143 Canadiens ,127 Anglais, 2.964 Français et 220 Allemands y furent soignés, dont près de 2.000
“gazés”.
Le 3 Juillet 1918, la Croix Rouge Canadienne fit don de l’Hôpital Militaire de Joinville à l’Etat Français au cours d’une cérémonie à laquelle assistaient le
Président de la République, Raymond POINCARE, Lord DERBY, Premier Ministre anglais, Sir Robert BORDEN, Premier Ministre du Canada et du Général Mac
DOUGALD de la Société de la Croix Rouge du Canada.
Le personnel canadien de l’hôpital Laval resta en fonction après l’armistice jusqu’au 9 Mai 1919. Il fut remplacé par un personnel hospitalier français dirigé par
le médecin-chef AUBURTIN.
Et c’est grâce au personnel médical de cet hôpital canadien que les Joinvillais ont été épargnés de la monstrueuse grippe espagnole de 1919!
Que devint ensuite l’hôpital Militaire Canadien ?
En 1920, les malades furent transférés à l’hôpital du Val-de-Grâce et les bâtiments furent donnés à l’Ecole Normale Militaire de Gymnastique de Joinville (réouverte
depuis le 8 Mai 1916) sous les ordres du Colonel LABROSSE.
Ces bâtiments abriteront l’Etat-Major et l’administration de l’Ecole jusqu’en 1939 (Colonel SCHWANDLER) où la plupart des bâtiments furent démolis.
Entre temps, le 31 Décembre 1929, la ville de Paris avait annexé tout le Bois de Vincennes et le Plateau de Gravelle qui appartenaient (en partie) au territoire de
la commune de Joinville. La route des Canadiens devint ainsi la limite de notre commune avec Paris-12.
Le champ de courses de Gravelle fut rebaptisé Hippodrome de Vincennes et la ferme de la Faisanderie ainsi que les deux redoutes revinrent à Paris.
La Ferme est devenue l’Ecole Nationale d’horticulture Du BREUIL, la redoute de la faisanderie a laissé la place à l’autoroute A4. Seule la redoute de Gravelle
subsiste encore et abrite l’Ecole de police de Paris. ( à suivre)....
René Dennilauler.